Habité depuis le néolithique, ainsi qu’en témoignent les mises au jour d’outils réalisées dans les champs, le territoire d’Orbigny connaît une activité métallurgique dès la préhistoire, attestée par les nombreuses scories découvertes aux alentours. La région accueille également des verriers et des fabricants de carreaux en terre cuite ; de fait Orbigny est un gros bourg dès le 5ème siècle, mentionné sous le nom d’Orbona dans le testament de Saint Perpet. Dans le siècle suivant une église y fut bâtie sous le vocable de Saint Vincent et la paroisse est dénommée Orbigniacum, puis Orbigneium en 1226, dérivé en Orbigné dès la fin du 13ème siècle. L’actuelle église offre des parties de muraille qui semblent dater du 9ème siècle. Elle a été agrandie au 12ème siècle.
La dîme était prélevée pour le compte du trésorier du chapître de la cathédrale de Tours propriétaire du fief et de la justice d’Orbigny. A la fin du 12ème siècle, Jean de Faye, archevêque de Tours, régla un différend survenu au sujet de la justice et des cens entre le trésorier et Geoffroy de Palluau, seigneur de Montrésor. Il semblerait que ce dernier n’admettait pas que le trésorier de l’église de Tours, distant d’une soixantaine de kilomètres, puisse venir quêter des revenus aux portes de Montrésor. Cette particularité confirme l’antériorité de l’existence d’Orbigny, l’un des plus vieux bourgs de Touraine, sans doute le plus ancien du secteur, tout au moins parmi ceux de qui nous avons une trace. Cette lointaine dépendance vis-à-vis de la capitale de la Touraine explique que, bien que limitrophe du Berry, notre village a toujours eu un regard sur Tours contrairement à nos voisins de Nouans par exemple qui se dirigent plus facilement sur Chateauroux.
On peut penser qu’aux 12ème et 13ème siècle, vu son équipement : maison du Temple, maison Dieu, maladrerie, Orbigny était situé sur l’un des itinéraires « bis » qui conduisaient les pèlerins vers Compostelle, entre Saint Dyé sur Loire et Limoges. Les pèlerins parvenaient à Orbigny par deux chemins, l’un venant de Montrichard, l’autre de Saint Aignan et qui se rencontraient sur le parvis de l’église Saint Vincent pour prendre la direction de Montrésor et gagner ensuite Châtillon sur Indre et au-delà, Limoges. Une chapelle sous le vocable de Saint Martin devait se situer à gauche du début de l’actuelle rue du Maquis d’Epernon. On peut supposer que le « petit cimetière Saint Martin », mentionné dans les archives de cette époque, la juxtaposait. En 1472, N. Picard, trésorier, légua à l’église d’Orbigny la dîme de cette paroisse.
En 1590, de prétendus « ligueurs » viennent écumer la région avant d’être délogés du château de Lestang où ils s’étaient réfugiés, par le commandant de Loches.
Pendant les guerres de religion les « ligueurs » étaient les forces armées « catholiques ».
Avant la révolution, Orbigny dépendait de l’élection de Loches pour l’administration fiscale, de l’archidiaconé de Tours et du doyenné de Villeloin pour la tutelle ecclésiastique.
En 1290, une chartre mentionne la présence de l’aumônerie d’Orbigny qui sera réunie à celle de Bléré en 1698. Elle devait se situer à l’intersection des actuelles rues de la Tuilerie et de la Gironde.
En 1793, Orbigny dépendait du district de Loches et en 1789 le premier maire de la commune fut Jean-François Gaultier propriétaire du Mousseau. En 1800 Louis-Gaëtan Sigougné de Ferté occupera cette fonction pendant une vingtaine d’années.
Au cours des 18ème et 19ème siècle est signalée son industrie textile qui compte une douzaine de métiers à tisser et environ 40 ouvriers fileurs et cardeurs.
La foire d’Orbigny se tenait le 10 septembre. L’actuelle place des « Anciens d’AFN » est encore appelée « le champ de foire » par les plus vieux habitants de la commune. Une « Loue », Assemblée destinée à mettre en relation demandeurs d’emplois et employeurs se tenait le dimanche précédent la Saint Jean (24 juin). Enfin un marché aux volailles et produits dérivés occupait le centre bourg tous les jeudis après-midi. Ces manifestations ont perduré jusqu’à la dernière guerre. La loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État a apporté son lot de péripéties avec notamment la pose d’une devise républicaine sur la porte sud de l’église- voir texte ci-dessous-
En 1908, la laiterie coopérative d’Orbigny verra le jour et transformera pendant trois-quarts de siècle le lait de la commune et des communes environnantes. Elle comptera jusqu’à 55 employés.
Comme pour toutes les zones rurales, la « paysannerie française» fut envoyée en première ligne lors du premier conflit mondial. Quarante hommes et une infirmière ne reviendront pas. Quelque soit le chiffre, il est certes toujours trop lourd, mais au prorata de la population de l’époque, le double de maintenant, il est moins important que dans la plupart des communes rurales.
En 1942-1944, une bande de pillards se prétendant « maquisards » s’installent dans les environs sous l’autorité du bandit Le coze. Malheureusement de jeunes résistants de bonne foi se feront abuser dans un premier temps avant de s’extirper pour retrouver de vraies formations. La plupart des résistants locaux ont rejoint le Maquis d’Epernon ou le Maquis de Saint Aignan.
De faux ligueurs pendant les guerres de religion, de faux maquisards pendant la seconde guerre mondiale, l’histoire est un éternel recommencement.
Devise républicaine : Liberté – Egalité – Fraternité
Suite à la loi du 9 décembre 1905 dite loi de séparation de l’Église et de l’État, entrée en vigueur en 1906, une devise peinte sur une plaque métallique est installée au-dessus de la petite porte de la façade Sud de l’église Saint-Vincent (utilisée comme entrée principale). La facture de 1906 (sans date précise) décrit cette plaque comme peinte en blanc cassé avec un liseré rouge encadrant la devise.
Durant la deuxième guerre mondiale, la plaque est retirée par la Délégation Spéciale qui avait remplacé le Conseil Municipal dissout en 1942. Elle sera réinstallée à la Libération au cours d’une cérémonie officielle.
En 1959, une demande est formulée auprès du Conseil Municipal pour retirer la plaque détériorée, peu esthétique, mais cette demande est rejetée. La plaque sera au contraire rénovée et repeinte.
En 1983, la plaque métallique étant très abîmée et rouillée, le Conseil Municipal décide à une large majorité de restaurer la devise, en expliquant que cela « fait partie du patrimoine communal et de l’histoire locale », et ceci malgré les réticences de quelques personnes. La devise républicaine est donc gravée sur un support de pierre et réinstallée à son emplacement d’origine. La plaque métallique retirée en 1983 comprenait une bande tricolore peinte en bas à droite.
Association « Raconte-moi Orbigny »
L’association Raconte-Moi Orbigny a publié 4 livres sur l’histoire d’Orbigny, dont le dernier en 2013 : « Au fil du Temps, un village de Touraine et ses traditions ».
Contact: M. Jacky CHARBONNIER, Président de l’Association.
Vous trouverez ci-dessous une présentation sommaire des 4 livres: Livres Raconte-Moi Orbigny